Dernière mise à jour : 18 août 2007

Chrno Crusade :
Mary Magdalene

Titre original Chrno Crusade :
Mary Magdalene

Auteur Takaharu Matsumoto

Genre Shônen - Fantastique

Nombre de volumes
Japon :  8 (fini)
France :  8 (fini)

Années d'éditions
Japon : 1999 - juin 2004
France : Janvier 2006 - Juillet 2007

Editeurs
Japon : Kadokawa shoten
France : Asuka

New York, 1924, suite à la première guerre mondiale, l’Amérique s’est considérablement développée, l’économie du pays est luxuriante et le commerce prospère. Néanmoins, ce “tableau idyllique” n’est en fait qu’un artifice destiné à cacher une tout autre réalité... En effet, “l’affrontement” ayant ravagé le monde quelques années plus tôt a contribué à faire sortir au grand jour ceux qui étaient restés cachés dans l’ombre, ceux qui étaient craints de tous depuis la nuit des temps, ceux à qui les hommes ont donné le nom de... démons. C’est durant cette période troublée que l’on fait la connaissance de Rosette Christopher, une jeune fille de 16 ans, dont la fougue et la témérité sont tempérés tant bien que mal par son “assistant” Chrono, un jeune garçon mystérieux qui semble craint de ses alliés autant que de ses ennemis... Tous deux étant à la solde du Monastère Magdale, une organisation religieuse, principalement composée d’exorcistes, spécialisée dans “l’extermination” des monstres et autres démons.
Chrno Crusade vous invite donc à suivre le périple d’une adolescente prête à tout et d’un démon déchu, tous deux à la recherche d’un passé commun et ayant tous deux conscience du “temps” qui leurs est imparti...

° La série animée, constituée de 24 épisodes et réalisée par le studio Gonzo est disponible en France chez Déclic Image.

Paru pour la première fois en 1999 chez Dragon Comics (maison d’édition japonaise, au même titre que Glénat ou Kana en France), Chrno Crusade est la première oeuvre “sérieuse” de Daisuke Moriyama, celui-ci étant, auparavant, surtout connu pour son travail sur “Alice in Cyberland” (un jeux vidéo dont l’auteur officia principalement sur les artworks et autre couvertures de drama). Néanmoins, malgré son statut de “première oeuvre majeure”, force est de constater que l’oeuvre de Moriyama a remporté un franc succès. Preuve en est son adaptation en animé (par le studio Gonzo en Novembre 2003) mais aussi sa renommée sans cesse grandissante qui la amené à être édité aussi bien en Chine et en Corée qu’en Allemagne. Voyons donc sans plus tarder ce qui fait la force de ce shônen qui, grâce à ses nombreux atouts, a su se hisser à hauteur des ténors du genre...

Un design agréable et expressif...
En effet, il est indéniable que l’oeuvre de Moriyama possède un graphisme très attrayant. Le trait de l’auteur est fin et précis, le cadrage en parfaite adéquation (enfin ce point est surtout du à l’éditeur (Dragon Comics) mais il me tient à coeur de vous le signaler), quand aux décors ils ne sont pas en reste, la variété des paysages proposés par l’auteur et ses assistants brillant par leur qualité. De même, on constate au fil des pages des différents tomes l’omniprésence de trames que Moriyama utilise de fort belle manière.
Pour revenir au style (graphique bien entendu ^ ^) de l’auteur, j’ajouterais qu’il est également fantaisiste. En effet, les personnages, qu’ils soient humains, démons ou autres ont tous un design résolument axé“héroic-fantasy” , ce qui a le mérite de les rendre originaux tout en respectant les différentes “classes” présentes dans l’univers de l’auteur (citons par exemple l’uniforme de Rosette qui, malgré tout, demeure en accord avec la religion). J’ajouterais que Moriyama a apporté un soin tout particulier au visage des différents protagonistes, ceux-ci passant régulièrement en premier plan afin de nous faire profiter de leurs expressions variées, accentuées pour l’occasion comme pour retranscrire parfaitement chaque émotions ressenties ou suscitées par tel ou tel personnages. De même, l’auteur affectionne tout particulièrement les doubles pages, bien souvent somptueuses, qui lui servent aussi bien à décrire la magie d’un instant (cf. scène du lac du tome 1) qu’à insister sur un évènement du scénario en particulier (cf. première apparition de Chrono en démon à la fin du tome 1). Quoi qu’il en soit, cela contribue à créer d’excellentes mises en scènes qui ne pourront, à coup sur, que ravir le lecteur... Signalons enfin la “performance” (si l’on puit dire ^ ^ ) de Daisuke Moriyama (ainsi que de ses assistants... personnes que certains ont malheureusement tendance à oublier) qui a parfaitement su respecter le contexte de son oeuvre en reproduisant les habitations, véhicules de transport et tenues vestimentaires tels qu’ils étaient à l’époque (Amérique, début du 20ème siècle).

Rosette et Chrono, à la vie à la mort...
Je vais donc vous parlez plus en détail des différents protagonistes de Chrno Crusade et plus particulièrement de “ses deux héros”. Je commencerais par Rosette Christopher, plus communément appelée “Soeur Rosette”. Cette jeune fille de 16 ans vous étonnera sans nul doute sur bien des points. Incarnation parfaite de l’expression “l’habit ne fait pas le moine”, Rosette n’a, à priori, rien à voir avec la religion (si ce n’est, comme je viens de le dire, ses fringues ^ ^). En effet, elle est colérique, intolérante (au premier abord bien sûr) et, pour combler le tout, possède un sang-froid proche du niveau zéro. De plus, on ne peut pas dire qu’elle ai un respect prononcé de la hiérarchie (la scène du début du tome 3 est à ce titre HILARANTE !!). Malgré tout cela, Rosette fait partie du monastère Magdale, organisation qui, je le rappelle, est résolument religieuse. Et... effectivement, le moins que l’on puisse dire, c’est que Rosette sait tirer parti de la religion ! En effet, le point, sans aucun doute le plus drôle, du caractère de notre héroïne est sa capacité innée à détourner la religion pour ses besoins personnels, que ce soit pour “appuyer” ses décisions quelques peu... contestables (du genre “Ferme la ! Il faut faire des sacrifices pour sauver des âmes”) ou encore et surtout pour prétexter les dégâts considérables occasionnés lors des missions (et Dieu sait qu’ils sont nombreux ^ ^) ... Néanmoins, et c’est à mon (humble) avis ce qui rend ce personnage si intéressant, s'il est vrai que Rosette est l’un des protagonistes les plus drôles du manga, c’est également un des plus tragiques... Je ne dirais absolument rien sur son passé (pour raisons évidentes de spoilers) et m’en tiendrais uniquement au “pacte” qui la lie à Chrono.
Mais avant cela, parlons un peu de ce dernier : en apparence, Chrono est un adolescent tout ce qu’il y a de plus normal. Il est sérieux et calme bien que subissant très fréquemment les “engueulades” et autres assauts physiques de sa partenaire attitrée (des purs moments de bonheur... ^ ^). Etant bien plus mature que cette dernière, son rôle (outre celui d’assister Rosette lors des combats) consiste également à “tempérer” la fougue et les réactions imprévisibles de “sa supérieure hiérarchique”. Néanmoins, derrière cette apparence “serviable et bon enfant” se cache une origine insoupçonnée. Chrono n’est, en effet, ni plus ni moins qu’un démon. Je n’insisterais pas sur les raisons qui l’ont amené à rencontrer Rosette ou encore celle de son intégration au Monastère Magdale (encore une fois pour cause de spoilers, j’en suis désolé mais trop de révélation ne ferait que gâcher votre plaisir lors de la lecture du titre...) et me concentrerais sur la nature de leur rapport.
Rosette et Chrono sont en effet liés par un pacte. Les pouvoirs démoniaques de ce dernier étant scellés par le biais d’une montre que seule Rosette peut activer. Une fois la manoeuvre effectuée, Chrono récupère et peut utiliser l’intégralité de ses pouvoirs... durant un temps imparti, temps qui se révèle lié au destin de Rosette puisque l’espérance de vie de cette dernière diminue en fonction des pouvoirs utilisés par le démon (encore une fois, no spoilers ! Sachant que l’origine de ce pacte est relaté dans le manga, je préfère vous laisser le soin de découvrir cela par vous-même)... C’est en cela que le personnage de Rosette est tragique, le fait de la voir s’exprimer ouvertement, d’enchaîner “les conneries” (Elle est “la tornade” du monastère Magdale !! ^ ^), de ne jamais baisser les bras et d’afficher sans cesse sa joie de vivre tout en sachant pertinemment que son temps est compté, la rende vraiment à part et lui accorde, durant son long périple, toute la compassion du lecteur.
Néanmoins, nos deux principaux protagonistes ne resteront pas seuls très longtemps puisque se joindront à eux Asmaria Hendrich et Stella Habenheit, la première étant une jeune fille de 12 ans (d’une importance cruciale pour le scénario) dont la pureté et l’innocence, associé à ses “capacités divines”, en font un personnage adorable (et kawaï à souhait ^ ^), et la seconde une célèbre chasseuse de monstres de 19 ans, invocatrice de surcroît, et dont le charme n’a d’égal que la richesse. Bref, des personnages brillant aussi bien par leur physique que par leur caractère (Je ne cite pas Joshua, Aion et les autres (pour des raisons de place ^ ^ ) mais sachez qu’ils ne sont en rien inférieurs à leurs homologues cités ci-dessus).

Un humour omniprésent... ou une excellente interaction entre les personnages...
En effet, les différents protagonistes de Chrno Crusade (tout du moins les... “gentils” ^ ^) ont beau avoir un caractère bien trempé, c’est leur interaction entre eux qui est véritablement source d’humour. Prenons le personnage de Rosette, “leader auto-proclamé” du groupe passant son temps à se soustraire à ses responsabilités ou, cas plus fréquent, à les déporter sur autrui... sur Chrono par exemple (pour ne citer que lui ^ ^) qui, de son coté, doit subir les fréquentes hausses d’humeur de son amie, accompagné au passage par des coups, plus ou moins violents, destinés à calmer la dite humeur... Citons également Stella, dont le caractère tout à la fois proche et distinct de celui de Rosette, fait qu’elle passe son temps à “s’expliquer verbalement” (comprenez elles se gueulent dessus à longueur de temps ^ ^) avec cette dernière, ce qui, croyez moi sur parole, est très souvent source de fou rire. Azmaria, quand à elle, observant impuissante les “cordiales disputes” de ses aînés tout en apprenant aux cotés de Chrono et en subissant quelquefois, à l’instar de celui-ci (ça n’a toutefois rien de comparable !!) les reproches (bien souvent non fondées) de Rosette. Si, en plus de cela, je vous dis que cette ambiance véritablement géniale ne cesse qu’en de rare moment (car Chrno Crusade possède une bonne part de tragédie) ou occasion, vous comprendrez que l’oeuvre de Moriyama, malgré, les tournures de son scénario (évènements tragiques encore une fois), est bourré d’humour et possède une ambiance qui, à coup sur, vous fera regretter de ne pas être du voyage ^ ^.

Bien, cette critique touche à sa fin, je pourrais encore vous parler des combats dynamiques et savamment orchestrés de l’oeuvre de Moriyama ou encore mettre l’accent sur le scénario (que je n’ai hélas pas pu développer, non pas par manque de place mais uniquement pour ne pas spoiler) qui va amener Rosette, Chrono et les autres à traverser une partie de l’Amérique mais également à réveiller de vieilles blessures qu’aucun d’entre eux ne souhaitaient voir ressurgir. Effectivement, je pourrais vous parlez de cela (en fait, nan je peux pas ^ ^) mais je pense avoir déjà résumé l’essentiel, à savoir que Chrno Crusade propose des personnages charismatiques au passé très fouillé, que visuellement, le trait attrayant de Daisuke Moriyama (et de ses assistants bien sûr...) a tout pour plaire (j’exagère un peu mais mon boulot, c’est de vous donner envie de lire le manga alors... ^ ^), que l’histoire en elle même, si elle ne brille pas par son originalité, réserve de nombreux rebondissements et fait la part belle à la tragédie, que les crises de fou rire suscitées sont nombreuses... Enfin, je pense que vous l’avez compris, hormis son scénario quelque peu linéaire (ceci est un avis général, pas le mien, c’est bien parce qu’il faut trouver des défauts au manga ^ ^), le seul défaut de Chrno Crusade est de ne pas encore avoir été édité en France. Cependant, au vue de son succès (que l’on peut qualifier d’international... en extrapolant un peu...), on peut espérer sans mal qu’il nous parvienne d’ici peu de temps... pour notre plus grande joie.