Dernière mise à jour : 03 août 2006

Blame!

Titre original Blame!

Auteur Tsutomu Nihei

Genre Cyberpunk

Nombre de volumes
Japon :  10 (fini)
France :  10 (fini)

Années d'éditions
Japon : 1998 - 2003
France : Mars 2000 - Mai 2004

Editeurs
Japon : Kodansha
France : Glénat

/

° Pour avoir une chance de mieux appréhender et comprendre l'univers de Blame!, je vous recommande de d'abord vous pencher sur sa préquelle : Noise.
° En mars 2004, le mangaka a parodié sa série à succes avec un petit one shot de 16 pages : Blame!? Gakuen. Il s'est amusé à placer tous ses personnages dans le milieu scolaire !
° Tsutomu Nihei travaille actuellement sur la suite de Blame! : Blame! NSE (Net Sphere Engineer) qui est publiée sporadiquement depuis 2004 par Bessatsu Morning.
° Un anime, sous forme de 6 ONA (Original Net Anime) + 1 extra, a été réalisé en 2003. Celui-ci enchaîne des bribes de scènes déjà vues dans le manga ou inédites sans aucune chronologie et véritable logique. L'histoire est incompréhensible pour qui n'a pas lu le manga. Cet anime remet encore une fois en question, en à peine quelques secondes, ce que l'on était suceptible d'avoir compris du manga ! ^^;

« Peut-être sur Terre…
Peut-être dans le futur… »
Deux phrases, et le lecteur est d’ores et déjà perdu.
« Fais attention, lecteur ! semble avertir Tsutomu Nihei. Tu vas entrer de plein fouet dans cet univers. Peut-être voudras-tu le comprendre, peut-être ne dépasseras-tu pas le premier tome. Car, après tout, il se pourrait bien que moi-même, je ne comprenne pas grand-chose à ce que je vais te raconter… »
Bienvenue dans l’univers de BLAME! , bienvenue dans la quête du cyber-donjon… ou pour être plus littéral dans la traduction : dans la quête de la cyber-oubliette.
Voici Killy. Voici l’aventurier. Une arme ? Un émetteur de positrons d’une puissance terrifiante. Un but ? À part le fait qu’il doive trouver un terminal génétique, rien de clair.
Il va falloir le suivre dans cette immense structure, sans porte de sortie, pleine de vide, dont la propreté apparente cache les pires immondices, où les êtres humains sont souvent moins organiques que les machines, où les machines sont bien plus compréhensibles que les humains. Contraste constant et malsain, où personne ne peut être réellement considéré comme bon ou mauvais, pas même Killy.
BLAME! Est un manga définitivement élitiste, le lecteur devant franchir pas moins de trois murs avant de pouvoir totalement y pénétrer :
- Premièrement, il devra se confronter au style graphique de Nihei, à ce point anti-conformiste qu’on ne saurait dire si on doit le considérer comme « vieillot » ou « avant-gardiste ».
- Deuxièmement, il devra oublier toute notion de temps et d’espace telles que nous les définissons dans le monde réel : changement de gravité, agencement spatial psychédélique et altérations temporelles seront monnaies courantes dans la quête de Killy.
- Troisièmement, et ce sera sans doute l’obstacle décisif, il devra accepter de plonger dans l’inconnu total, avec pour seul accueil un silence quasi-constant tout le long du premier volume !
Et encore, il ne sera pas au bout de ses peines, chaque élément de réponse amenant de nouvelles questions ! Nihei nous livre un monde aux règles déjà établies, et auxquels le lecteur devrait s’adapter sans manuel ni rétrospective sur les tours précédents.
Autant le dire tout de suite, il ne serait guère étonnant que cette série ne connaisse pas de fin « logique » à nos yeux. L’auteur va tellement loin dans le sous-entendu et le non-dit qu’on pourrait aisément le comparer à ces peintres abstraits se contentant de créer, laissant les spectateurs se battrent entre eux pour trouver une explication qu’eux même n’auraient pas !
Alors BLAME! est-il l’instigateur d’un nouveau genre ? Je n’irai pas jusque là. Je le définirai plutôt comme le paroxysme d’une nouvelle approche de la narration (que nous connaissions déjà par le biais d’Evangelion et qui semble réutilisée avec talent dans le récent Gantz), à savoir celle qui impose l’univers à nos yeux et ne l’explique que lentement, par touches, suffisamment en tout cas pour passionner le lecteur et le pousser à aller plus loin.
Vous allez adorer, ou alors détester, mais il est clair que celui qui s’aventurera dans la cyber-oubliette ne saura y rester indifférent !