D'abord,
il y eu Card Captor Sakura. Puis X, Chobits, Tôkyô Babylon...
Depuis
bientôt 4 ans, CLAMP s'impose dans nos parutions manga
françaises comme l'auteur le plus prolifique.
Mais qui est CLAMP ? Et qu'est-ce donc que ce pseudonyme
débile faisant plus penser à un claquement de mâchoires
qu'à un auteur respectable (et respecté) ? Si l'on sait
qui plus est que cela veut dire "montagne de pommes
de terre", le néophyte risque fort de rester dubitatif...
Ce
petit dossier a pour but de vous faire découvrir (à défaut
de comprendre) les créations de CLAMP, ses inspirations
et ses aspirations.
Bonne
lecture ^o^ !
1-
CLAMP o_Ô ??
Bien sûr, la plupart d'entre vous le savaient
: CLAMP n'est pas UN dessinateur, mais QUATRES DEMOISELLES
(qui a dit "argh" ??) d'une trentaine d'année
désireuses d'amener un brin de fraîcheur à un univers
manga surplein de samouraïs éternels, de combattants testostéronnés
et de filles avec des gros seins (personellement, je vois
pas où est le problème, mais bon, passons...)
Mais
commençons par le commencement. Nous sommes dans un lycée
d'Osaka, au début des années 80 (femmes des années 80...
pardon je m'égare). Une bande de douzes chipies dont le
passe-temps favori était de lancer des pétards sur les
amoureux (jalouses ?) se fait cependant remarquer dans
différents fanzines Japonais, qui publient quelques-unes
de leurs historiettes.
Les années passent, les comportements évoluent (auraient-elles
trouvé leur mec ?), les ambitions aussi... Le groupe petit
à petit se divise, quelques unes partent fonder leur famille,
ou se lancent dans l'aventure professionelle en solitaire.
Le collectif diminue, passant de douze à sept, puis de
sept à quatre.
Heureusement, la fonte s'arrête, et il semble bien que
le tiers survivant soit de loin le plus productif. Passons
en revue les quatre "furies", comme elles aiment
à se désigner elles-mêmes :
|
-
LA PATRONNE : OHKAWA Nanase -
36 ans - née le 2 mai 1967 "Comme
la plupart des leaders en entreprise, je suis
sans doute celle qui en fait le moins" déclare
t'elle, "Je ne fais la plupart du temps qu'écrire
et je laisse aux autres le soin de dessiner".
Passons donc en revue rapidement le "peu
de travail" de la demoiselle :
Scénario, de la trame générale au groupe sanguin,
tics de langage et parfum préféré du personnage
qui apparaît dans la quatrième case de la page
vingt-et-un du Tome 7 et que l'on ne reverra plus
jamais ; synopsis, le nombre de pages pour développer
l'intrigue, le moment idéal d'apparition d'un
personnage, etc... ; Design des couvertures ;
Design et distribution des produits dérivés, assistante
de production des OAV's...
N'en jetez plus ! Il est clair que c'est une vrai
feignasse ! |
|
-
LA DESSINATRICE : APAPA Mokona -
35 ans - née 16 juin 1968 X,
Angelic Layer, Chobits. Comparez le style graphique
de ces trois séries. Les affiliations sont tellement
peu nombreuses que beaucoup penseront qu'il s'agit
d'une dessinatrice différente à chaque fois. Détrompez-vous,
car TOUT EST DE SA FAUTE ! Et oui, toutes ces
histoires qui vous rendent accros sont issus en
grande partie de l'extraordinaire inventivité
de la demoiselle. Et ce n'est pas fini, puisque
Mokona a déclaré vouloir "[s]'impliquer plus
encore après la scolarité de [ses] enfants, et
(qui sait ?) peut-être [se] lancer dans l'animation".
Mais, euh, prendre sa retraite c'est aussi un
but dans la vie non -_-' ?? |
|
-
L'AUTRE DESSINATRICE : NEKOI Mick -
35 ans - née le 21 janvier 1969
Mick
est la dessinatrice des minis journaux à la fin
des Clamp School Detectives ou Rg Veda, par exemple.
Mais elle est aussi l'actrice principale dans
la création de Wish, Watashi no sukina hito, et
Suki dakara Suki. Elle est plutôt spécialiste
du Super Deformed, et son style pourra paraître
un peu brouillon pour le gourmet habitué aux lignes
épurées de Chobits. Il serait cependant dommage
de passer à côté de ces oeuvres, parce que juste
au cas où vous l'auriez oublié, c'est de CLAMP
dont on parle tout de même ! DIDIOU ! |
|
-
LA "COLORISTE" : IGARASHI Satsuki -
35 ans - née le 8 février 1969
Ou
plutôt la responsable de la trame, puisqu'en dehors
de leur couverture les mangas ont du mal à tirer
du vert ou du jaune fluo d'une plume à encre ^^...
Et pourtant, des nuances entre le noir, le gris
et le blanc, s'il n'y en a pas une infinité, on
en est quand même pas loin ! Satsuki, depuis 1993,
semble avoir élever cette tâche au rang d'art.
Observez ces pleines pages dans Tôkyô Babylon,
Card Captor Sakura ou X... on pourrait passer
des heures à observer chaque ombre portée, chaque
pli de vêtement, chaque poil sous les bras (hum,
désolé).
Bref, Statsuki est bien de celles qui font la
magie de CLAMP. |
Enfin,
pour parler "chiffre qui donne le tournis",
CLAMP c'est (par mois) :
- 200 pages publiées en moyenne + 8 à 10 dessins en couleurs
- entre 3 et 5 séries en même temps, avec une prébublication
soit mensuelle, soit hebdomadaire
- 1 200 dessins ratés (chiffres Mick et Mokona)
- soit autant de feuilles de papier envoyées à l'usine
de recyclage située dans le quartier voisin.
Bref,
CLAMP c'est plus qu'un travail d'équipe, c'est un travail
de forcené.
2-
Leurs inspirations
- Les Magical Girls
-
Difficile de ne pas voir dans Card Captor Sakura une réminiscence
de la célébrissime série Sailor Moon. Il faut savoir qu'avant
de lancer leur série, cette catégorie de Shôjo s'essouflait
énormément, les clones de la gardienne du pouvoir lunaire
manquaient énormément de charisme et avaient bien du mal
à être plus que des objets de fantasmes (relatifs).
Les "furies" ne pouvaient bien entendu pas supporter
plus longtemps cette situation (nous y reviendrons) et
se décidèrent donc à lancer LEUR héroïne, la petite Sakura.
Au menu donc : un bâton magique pour remplacer le prisme
lunaire, une espèce de peluche avec des ailes pour remplacer
le chat, et des vilains tous plus vilains les uns que
les autres pour remplacer les vilains.
D'accord, c'est un très mauvais résumé de la série, jetez-moi
des cailloux. Aïe, ouille... Bon ça suffit !
On pourra également noter certaines relations "ambiguës"
avec une de ses amies, mais je préfère garder ça bien
au chaud dans un coin. Ne vous inquiètez pas, je vais
en parler, tas de pervers !
CLAMP
a tout de même réussi son contrat : donner un second souffle
à un genre qui dépérissait. On ne compte plus la multitude
de petite fille de huit ans dotées de pouvoirs magiques
dans les revues japonaises aujourd'hui (je me demande
tout de même si ce n'était pas plus "sain" de
fantasmer sur des demoiselles aux gros seins :/... Raaaah
attendez un peu ! Je vous jure que je vais en parler !)
- La Fin
du Monde -
Aaaah en voilà un sujet quil est bien et quon
peut faire des tas de scénarii avec !
Prenons un bouquin, allez paf comme ça au hasard : lApocalypse
de Jean
Waoouuuhhh ça cest de la bonne prise
de tête ultra-symbolique et interprétable de huit cent
milles façons ^^ je prends !
«
Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort. Il
posa sur moi sa main droite en disant: Ne crains point
!
Je suis le premier et le dernier, et le vivant. J'étais
mort ; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles.
Je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts.
Écris donc les choses que tu as vues, et celles qui sont,
et celles qui doivent arriver après elles,
le mystère des sept étoiles que tu as vues dans ma main
droite, et des sept chandeliers d'or. »
(Jn Ap. 1 17 ; 20) (jen profite au
passage pour vous conseiller la lecture de lApocalypse
: même si vos convictions religieuses ny sont pas,
il serait dommage de passer à côté dune telle source
dinspiration en matière dinventivité narrative
).
Le
combat des 7 dragons du ciel contre les 7 dragons de la
terre, les choix (ou plutôt le destin) des personnages
(their destiny was foreordained = ils étaient prédestinés),
le X étant une manière raccourcie pour les anglophones
de désigné le CHRIST (Xmas
), bref, dans la catégorie
symbolisme mystique, X remporte haut la main le prix de
luvre la plus chargée.
Mais
ce nest pas une pure quête mystique, ni une tentative
dexplication de texte que nous propose CLAMP ici.
Leur but réel sera bientôt exposé par votre serviteur
(jaime bien vous faire baver
hein ? quoi ?
oh
les rapports «spéciaux» entre les personnages
! ça va venir aussi :p !).
- LAmour
-
Du CLAMP sans histoire damour, cest
comme des pâtes sans beurre : sec, collant, désagréable
le consommateur abandonnerait vite son entreprise.
Cest sans doute LE GRAND THEME de CLAMP, la recherche
de la «personne spéciale», du «quelquun rien que
pour moi»
Et le tout dans ce quil y a de plus platonique au
monde : je ne laime pas pour son physique mais pour
ce quil est (même si pour linstant je ne crois
pas avoir vu autre chose que des playboys et des filles
possédant un corps de rêve ^-^*).
Des scènes où des personnages ont fait ou vont faire lamour
? Je nen compte que deux (une dans X et une dans
Wish) et une de mes connaissances men rapporte une
troisième dans la série Clover (Trèfle)
Les pervers
de bases se reporteront donc à défaut sur les (TRES nombreuses)
productions Doujin inspirées par les différentes séries.
Or
nous venons de le voir, si le physique ne compte pas,
sil sagit dun facteur totalement délaissé,
alors le sexe même de lindividu ne compte pas ?
..
..
.............
Ok, ok ! Jarrête de vous faire languir, nous y voilà
^o^ !
3-
Leurs aspirations
- Promouvoir le désir
de lautre, au-delà de tout !
Le moins que lon puisse dire, cest
que les demoiselles de CLAMP sont de grandes torturées
Rien nest choix, tout est destin. Aux personnages
daccepter ce dernier, où de devoir le subir. Heureuse
perspective nest-ce pas -_- ?
Nous serons donc spectateurs soit dun bonheur, soit
dune souffrance, les raisons faisant que les personnages
tombent amoureux seront également les raisons qui rendront
cet amour impossible. Peu importe le sexe, voire la nature
des gens qui s'aiment, parce que chacun possède un être
cher à son coeur, et doit tout faire pour le rendre heureux.
Ainsi
Tomoyo, à l'âge de dix ans, comprend qu'elle a peu de
chance de vivre avec celle qu'elle aime, sa meilleure
amie, Sakura. Elle poussera son amour jusqu'à sacrifier
ses sentiments car "Pouvoir rendre heureuse la personne
que [elle] aime, voilà [son] bonheur".
Il
en sera de même pour la mère de Fuuma et la mère de Kamui
(X). En plus du sacrifice que l'une fait pour l'autre
(elle lui donne sa vie), elles représentent le syndrome
de la mère absente. Êtres omniprésents, elles sont la
douceur oubliée de ce monde. Disparues encore jeunes et
belles, elles sont le moteur et le handicap de nos héros.
|
On
peut aussi penser à Tchii et Hideki, déchirés par
leur relation à angle multiple : Possesseur/Objet
; Humain/Machine ; Masculin/Féminin. «Tchii veut
que Hideki soit heureux
»
Les
relations et la souffrance des personnages dans
leurs quêtes de l'amour nous semblent parfois cruelles
et quand un personnage est amoureux de la personne
qui a tué sa soeur et qui deviendra son ennemi mortel
(Subaru et Seishirou dans X), le fait que ce soient
deux garçons est plus qu'anecdotique, parce que
les problèmes en amour sont universels. |
|
On peut compter une
multitude dautre relations dans leurs différentes
uvres, relations à limportance plus ou moins
marquée, comme celle entre Toya et Yuki dans CCS par exemple.
Finalement on retrouve des gens qui dans tous les cas
s'aiment... peut-être jusqu'à la folie, mais jusqu'au
bout et de toutes leurs âmes.
Chez
CLAMP, le mot dordre dans toute relation amoureuse
est «timidité» car si elles savent exprimer un sentiment
par le regard ou par une main restée trop longtemps sur
une joue, cela reste très pudique. Le platonisme est de
rigueur, et les euphémismes sont légions quand un personnage
essaye d'exprimer ses sentiments, la plupart du temps
par le biais de phrases comme «tu es quelquun de
spécial» ou encore «ton bonheur compte énormément à mes
yeux».
CLAMP
se fait donc «collectif militant pour lamour au-delà
de tout». Perspective on ne peut plus louable
[Parenthèse]
Mais pourra t'on les suivre sur certaines voix ? Notamment
sur le terrain glissant du rapport adulte/enfant ?
Les lecteurs de la série auront bien entendu compris mon
allusion aux rapport quentretiennent la petite Rika,
10 ans, et son professeur monsieur Terada.
Il faut déjà savoir que le concept de pédophilie nexiste
pas au Japon, mais dans nos sociétés occidentales où les
gens ne sont pas aussi ouverts desprits que ces
demoiselles, il faut bien avouer que ce genre de choses
pourraient donner une légitimité à des détraqués mentaux
qui nhésiteraient sans doute pas à utiliser cet
élément pour leur défense.
Je vous laisse dès lors imaginer le coup quen prendrait
la réputation de ces auteurs qui méritent tout sauf cela
:/
[Fin de la Parenthèse]
...
A SUIVRE